Fabriquer son sac à dos de 270g !

Parce que rien dans le commerce n'est satisfaisant, en terme de forme, d'accessoirisation, de matériaux ou de poids.
Parce que le sac idéal est hors de budget.
Parce que réparer un sac qu'on a conçu et assemblé de ses mains est plus facile.
Ou tout simplement, pour la plaisir et la fierté de fabriquer son propre matériel.

Il existe beaucoup de raisons de vouloir fabriquer son sac à dos. Et c'est un bricolage à la portée de tous. Avec quelques notions de géométrie, une fois griffonné le schéma du sac sur un bout de papier, calculé et noté les dimensions nécessaires pour aboutir au volume recherché, le plus gros est fait.

Voilà les étapes de la fabrication de mon sac estival, 270g pour 23L, et quelques dizaines d'euros ...

Le besoin

Commençons par définir mon besoin : un sac à dos pour la randonnée estivale avec 3-5 jours d'autonomie. Ce qui donne à minima :

  • 20 L de capacité
  • confortable avec 6-7 kg de chargement maximum
  • deux poches latérales pour pouvoir accueillir une bouteille de 50cl et mes bâtons
  • un laçage latéral au moins d'un côté pour pouvoir maintenir les bâtons rangés
  • un porte piolet
  • un système pour porter une poche à eau de 2.4 L sur une courte distance
  • deux poches de ceinture pour stocker le petit matériel (carte, boussole, lunettes, bonnet, téléphone ...)
  • un tissu résistant à l'eau et d'une solidité correcte

J'ai également repris une idée que j'avais essayée sur mon premier sac (celui du Canada), à savoir un deuxième étage de poche latérale sur un côté. Utile notamment pour garder la veste de pluie rapide d'accès ou faire sécher des objets humides.

La conception

La simplicité de la conception est à la fois gage de légèreté, de solidité et de facilité de fabrication.

La forme

Je suis parti sur une forme de cylindre écrasé : le dos et l'avant du sac sont plats, les côtés arrondis. Lorsque le sac est rempli, il s'arrondit naturellement. La fermeture se fait en haut par un lacet. Si la pluie s'invite, j'ai toujours quelque chose à poser sur le dessus du sac, comme la tente, pour éviter que l'eau s'infiltre trop.

L'armature

Pas d'armature ni de report de charge : mon matelas en mousse, épais de 2cm, roulé à l'intérieur avec toutes mes affaires à l'intérieur, permet de rigidifier suffisamment l'ensemble pour se passer d'armature. Le report de charge, jusqu'à 8 kg pour moi, n'est pas nécessaire.

L'aération du dos

Pas de mousse d'aération. C'est une couche supplémentaire qui est longue à sécher, qui accroche toutes les petites herbes qui traînent, et qui ajoute du poids. Pour ventiler le dos, je desserre de temps en temps les bretelles pour laisser le sac basculer légèrement vers l'arrière.

Les matériaux

Personnellement, si je me lance dans la fabrication d'un sac, c'est pour aboutir à un équipement plus léger, bien plus léger, que ce que l'on peut trouver dans le commerce. Selon les compromis que l'on est prêt à faire sur le choix des matériaux, on peut réduire drastiquement le poids du sac.

Les tissus

N'ayant pas prévu d'aller me rouler dans les lapiaz, ni de confier mon sac à des manutentionnaires d'aéroport, pas toujours délicats, un tissu léger me suffit amplement.

Pour le compartiment principal, j'ai trouvé chez extremtextil.de un nylon à 80 g/m², 100 deniers enduit PU, résistant à une colonne d'eau de 3000mm. Plutôt intéressant et très bon marché (4€ le mètre). Seul inconvénient écologique, le traitement déperlant au fluoro-carbone ... Mais on fermera les yeux pour ce premier essai.

Pour le dos et le fond, soumis à plus de frottements, ainsi que les poches de ceinture, j'ai pris un peu plus costaud, un nylon à 120 g/m², enduit PU, 4000mm de colonne d'eau. Le denier n'est pas précisé mais à vue de nez, c'est au moins du 100 deniers.

Pour les bretelles et la ceinture ventrale, j'ai pris en sandwich une mousse fine de 3mm (découpée d'un tapis de sol premier prix) entre deux pièces de tissu. Pour la ventrale, j'ai mis côté ventre une pièce de mesh solide (le même qu'utilisé pour les poches latérales), avec pour intention éviter que ça glisse. A posteriori, on peut aisément se passer de mesh et n'utiliser que du tissu plein, beaucoup moins fragile et moins ramasse-miettes.

Sac-a-dos-20L43.JPG

Les sangles et accessoires

Les sangles devant supporter de la tension sont en nylon, 20mm de large pour la ceinture et les bretelles. Les sangles accessoires et le renforts sont en gros-grain 20mm également, plus léger et suffisant pour cet usage.

Cordelette de serrage en dyneema 1.5mm, léger et résistant.

Pour pouvoir serrer le sac dans la hauteur, une cordelette part de la poignée du sac (située entre les deux bretelles) et vient se clipser en bas de la face avant.

Pour le reste, c'est du standard : boucles et ladderloc en 20mm.

Le plan

Voilà les dimensions des différentes pièces qui composent le sac à dos.

Attention les dimensions ne tiennent pas compte des marges de couture (au moins 1cm pour ce genre de tissu pour ne pas avoir à poser de biais).

La hauteur de dos (du bas du dos aux bretelles) est de 12 + 37 = 49 cm.

Au total, sac grand ouvert, on atteint une capacité de 23L, soit environ 21L une fois fermé. C'est parfait.

La couture

C'est parti pour une après-midi de découpe et de couture. On commence par le tissu solide, avec le fond, l'avant et le dos. Bien penser à ajouter les marges de couture.

A la jonction entre le fond et la face avant, on insère :

  • la sangle porte piolet
  • la sangle de fermeture du sac
  • le bas de la petite poche en mesh qui vient soutenir le poids de la poche à eau contre la face avant.

Reste à repasser un coup pour rigidifier cette couture qui sera sollicitée.

Passons maintenant aux bretelles.

On coud ensemble les deux pièces dos à dos, on retourne comme une chaussette et on y insère la mousse. Fermer les bretelles par une ligne de couture, qui ne sera visible qu'à l'intérieur du sac.

Une fois assemblées les pièces avant et arrière, on peut insérer les bretelles.

Tracer un léger angle sur les bretelles pour les insérer. Pour essayer, on peut les épingler et enfiler le tout, pour voir où tombent les brettelles. Si on veut ajouter une poignée au sac, c'est maintenant :)

Pour renforcer cette couture qui portera une bonne partie du poids du sac, je l'ai prise en sandwich entre deux bandes de gros-grain 20mm.

OK, ça commence à ressembler à quelque chose.

Il faut maintenant attacher les côtés. C'est le moment d'insérer les petites attaches en sangle qui permettront de tendre des cordelettes ou des élastiques sur les côtés et devant.

Puis coudre le bas des côtés au fond du sac. Sur mon premier sac, j'avais ici aussi inséré le bas de la poche latérale en mesh, mais au final, ça rajoute de la complexité, nuit à l'étanchéité de la couture, et accélère l'usure du bas de la poche latérale en frottant contre le sol. Du coup, je la couds un peu plus haut, plus tard.

Cette couture n'est pas évidente car en arrondi. Bien penser à laisser une marge pour les coutures verticales.

Avant de fermer le sac, on a encore de trucs à préparer et insérer dans ces coutures. A commencer par les poches latérales.

Celles du bas sont cousues sur la marge de couture entre le côté et le fond.

Celle du haut est cousue au milieu du côté.

Vient ensuite le tour de la ceinture ventrale. Comme pour les bretelles, faire une chaussette, la retourner et y insérer la mousse.

Enfin, il ne manque plus que les petites pièces de tissus permettant d'attacher les sangles des bretelles. Ces pièces servent à répartir la tension sur une plus grande largeur de couture que juste la taille de la sangle.

On peut les coudre directement sur les départs de la ventrale.

Il ne reste plus qu'à les insérer au bas du sac, dans la couture qui relie les côtés au dos, et de fermer jusqu'en haut.

Idem de l'autre côté, coudre les côtés à la face, jusqu'en haut.

Pour la fermeture du sac, un simple tube en tissu comme passe-fil (j'ai fait ça dans des chutes de tissu de tente, plus flexible que celui du sac).

Il ne reste plus qu'à coudre les attaches pour les bretelles, la ventrale, la pectorale et le sac est prêt !

Dernière option que je voulais absolument ajouter au sac pour leur côté pratique : les poches de ceinture. Je n'ai malheureusement pas de photos de la construction ni les dimensions exactes des découpes (elles ont été faites plus tard), mais une fois l'épreuve du sac réussie, ça devrait être chose aisée :)

La fermeture éclaire est étanche. Deux sangles, avec des boucles de tailles différentes, permettent de faire passer la sangle ventrales derrière les poches. Un petit crochet permet de maintenir les poches contre le sac et éviter qu'elles ne se baladent.

Conclusion et tests

Un peu déçu par le poids, 230g, j'espérais un peu plus léger. Après avoir pesé moi-même les tissus, il se trouve qu'il sont 15% plus lourds qu'annoncé (92 g et 140 g/m²).

Les poches de ceinture font 20g chacune, pour une capacité de 1L. Soit 23L au total, pour 270g. Avec un matelas de 200g enroulé contre le tissu à l'intérieur du sac, nécessaire pour un confort optimal, on est toujours à moins de 500g !

Chargé à 7kg, le confort est très bon. Les poches de ceinture sont un gros gros plus, elle permettent de reporter sur les hanches plus de poids et d'avoir à portée de main tout ce qu'il faut pour une petite journée de marche, nourriture comprise, sans devoir poser le sac.

Enfin, son nom : HRP20 ! Car c'est lui qui m'a suivi sur la HRP.

Mise à jour 10 Janvier 2016

J'utilise toujours ce sac à la journée ou pour les courtes sorties estivales. J'ai bien parcouru plus de 1000km avec en 2.5 ans, il ne m'a jamais fait défaut. Un renard a essayé de l'emporter, alors que je dormais paisiblement au pied du Grand Veymont. Il a quand même réussi à l'éventrer sur 25cm. Réparé sur le terrain avec un patch autocollant, du fil et une aiguille. Et c'est reparti pour quelques années de plus :)

Quelques défauts quand même, à prendre en compte pour les prochaines réalisations :

  • La mousse de la ceinture ventrale s'entortille sur elle-même entre les deux tissus. Trouver un moyen de mieux l'attacher, ou une mousse de meilleure qualité
  • Les poches latérales en mesh, c'est fini ! Trop sensible à l'abrasion. Elles se trouent très facilement à la moindre accroche, mieux vaut privilégier du tissu plein
  • L'étanchéité globale du sac est mise à mal dès qu'il pleut longtemps. C'est normal, les coutures ne sont pas étanches. Mais en réduisant le nombre de coutures, on doit pouvoir retarder le moment où le sec prend vraiment l'eau.
  • La mini-poche frontale pour porter la poche à eau est utilisable en l'état, mais pas super pratique une fois chargée avec 2.4L. On doit pouvoir s'en passer en transportant la poche à eau sur le dessus du sac.
A garder en tête pour la prochaine réalisation ;-)
Bon courage !